Depuis que mes enfants sont en âge d’utiliser un ordinateur, ils ont commencé à y passer un nombre d’heures croissant. Je ne serais mal placé pour les blamer, ayant moi même découvert ce monde il y a 32 ans et ne l’ayant jamais quitté depuis. Désormais je comprends que notre “vie dans l’écran”, notre présence sur Internet, est une extension de notre Moi. Cette extension est dotée, d’autant plus avec Internet, de capacités surhumaines et réellement illimitées, ce qui rends cette facette de notre vie, de notre personne très attrayante.

Comme me l’a expliqué l’une des mes filles “J’aime jouer à Minecraft car on peut y faire plein de choses qu’on a pas le droit de faire dans la réalité parce qu’on est trop petit ou que c’est impossible. On peut construire ce qu’on veut, le changer, avoir des poules et des vaches, avoir des aventures…”. Comme je l’écrivais dans un autre billet de ce blog, ma passion pour les ordinateurs puis l’internet est venue des pouvoirs magiques que la programmation et les ordinateurs m’ont donné: omniscience, rapidité, précision, liberté !

Liberté, en effet vivre dans le cyberespace permet d’échapper, pour un temps, à une réalité qui s’avère souvent pesante et immuable. Dans le cyberespace, chacun est libre, vraiment libre de faire ce qu’il veut, tout ce qu’il peut trouver, imaginer, construire. Internet, bien que conçu initialement par la recherche militaire américaine, a été développé et doit être défendu sur des principes libertaires (?) de décentralisation, liberté, responsabilité individuelle, participation collective aux tâches de maintenance et d’administration du réseau.

Tout cela est fort bien mais quid de la culture ? Comment puis-je transmettre à mes enfants la part de ma culture personnelle “pré-cyber” ou de la “vraie vie” ? Bien sûr, la vie quotidienne me permet de transmettre mon goût pour la bonne nourriture, saine, les bon vins, les plaisir d’Epicures. Pour ce qui est de l’appréciation du vent dans les cheveux, de la caresse de la pluie, de la mélopée du silence, du chant du vent dans les branches, de la profondeur d’un arbre imprimé sur le ciel… c’est une autre paire de manche.

Les sensations, tous ces sens dont nous sommes dotés, qui nous offrent ces expériences uniques, que l’on peut se remémorer longtemps plus tard et en ressentir les bienfaits (ou méfaits) à nouveau, voilà un point important de la problématique. En ce moment, la mode est revenue pour la réalité virtuelle ! Le industriels se pressent pour nous vendre des produits qui à terme seront capables de reproduire dans le cyberspace les cinq sens, la gravité, etc. de manière indiscernable de la “vraie vie”…

Quel progrès y-a-t il a reproduire ce que nous avons tous déjà (gratuitement et en haute définition) ?

Le bénéfice pour les industriels est évident. Pour ceux d’entre nous qui sont privés de mobilité, peut-être qu’il y a un intérêt à offrir ce genre d’expérience. Pour explorer la Connaissance et inventer de nouveaux concepts, Internet a du sens. La réalité augmentée peut nous simplifier la vie, quoique. La réalité recréée dans le cyberspace, je ne vois pas trop. Mener des expériences, tester des hypothèses pour améliorer la “vrai vie”peuvent avoir un intérêt mais pourquoi s’échapper du monde vivant pour cela. Autant apprendre à régler nos problèmes ensemble, en communiquant, ayant de l’empathie, partageant, aimant, chantant et tout ce qui fait le meilleur de nous tous.